Les filles consomment plus de pornographie qu’il y a dix ans

En dix ans, l’utilisation des médias par les jeunes Suisses de 12 à 19 ans a changé. C’est ce que dévoile le dernier rapport JAMESfocus de la ZHAW et de Swisscom.

«L’utilisation des médias par les jeunes Suisses a considérablement évolué au cours des dix dernières années: les services de streaming à la demande comme Netflix ou Spotify et les réseaux sont en plein essor». C’est ce que montre le dernier rapport JAMESfocus de la Haute école zurichoise de sciences appliquées (ZHAW) et de Swisscom.

Le rapport dévoile aussi que «les rôles traditionnels des hommes et des femmes perdent de plus en plus d’importance». Cela s’illustre notamment dans le rapport à la pornographie produite industriellement des jeunes interrogés. «Les filles en consomment plus souvent qu’auparavant (de 16% en 2010 à 27% en 2020), les garçons moins souvent (de 73% à 57%». Pour le codirecteur de l’étude, Gregor Waller, cela se comprend du fait «que les préférences de consommation sont de moins en moins liées aux rôles des sexes et de plus en plus aux préférences personnelles».

Il explique aussi que «l’industrie réagit et produit de plus en plus de films «female friendly», dans lesquels les rôles des femmes et des hommes sont moins stéréotypés». À l’inverse, certaines différences restent stables entre les sexes: les filles lisent plus souvent des livres alors que les garçons auront tendance à jouer aux jeux vidéo.

«Interconnexion croissante»

Le rapport relève encore qu’en dix ans, la diffusion et l’utilisation d’Internet et du smartphone ont augmenté. «En 2020, 99% des jeunes ont déclaré utiliser leur smartphone tous les jours ou plusieurs fois par semaine, alors qu’ils n’étaient qu’à peine la moitié en 2010». Il en va de même pour les services de messagerie et les réseaux sociaux qui sont devenus des outils d’organisation et d’échange d’informations pour les jeunes.

Pour les psychologues des médias de la ZHAW, cette «interconnexion croissante et l’accessibilité permanente» n’ont pas que des effets positifs. Ils parlent d’un «revers de la médaille» en évoquant le flux de communication qui ne s’arrête jamais ou l’obligation de documenter en permanence sa propre vie par des photos et des vidéos et rappellent qu’il est nécessaire de «l’intégrer de manière profitable dans sa propre vie».

Enfin, le rapport relève que «durant leurs loisirs, les jeunes ont de plus en plus souvent évolué au sein de leur famille et se sont limités à quelques amitiés étroites au cours des dix dernières années». Il s’agit désormais de voir si cette tendance va aussi s’imposer pour les contacts en ligne. Pour les auteurs de l’étude, «un effet contraire serait également envisageable: le réseau en ligne pourrait devenir une sorte de lieu de compensation où l’on noue un nombre particulièrement élevé de contacts», conclut le communiqué.

Le rapport JAMESfocus

L’étude JAMES est menée depuis 2010 par la ZHAW sur mandat de Swisscom et «interroge tous les deux ans plus de 1000 jeunes âgés de 12 à 19 ans dans les trois grandes régions linguistiques de Suisse sur leur comportement en matière d’utilisation des médias», explique la ZHAW. Le rapport JAMESfocus est ensuite rédigé sur la base de l’analyse de ces données.

source: 20min.ch